C'est un combat qui se poursuit au nom de la culture et de l'identité égyptiennes. Un sujet qui divise généralement la population qui ne comprend pas bien les enjeux. Surtout parmi les plus jeunes qui aspirent à se raccrocher au reste du monde plus qu'à leur nation.
Le Syndicat des musiciens égyptiens présidé par le chanteur Hani Shaker a décidé de censurer ce qu’il appelle littéralement "les chanteurs de festival", un terme que nous pourrions traduire par "chanteurs d'opérette" ou "chanteurs de variété". Ces dernières années, le phénomène de ce type de musique a pris une telle ampleur que les artistes traditionnels égyptiens sont très inquiets. "Les chanteurs de festival" pratiquent une sorte de rap semi-chanté en arabe, sur une musique aux rythmes cubains et afro-américains. Ils usent et abusent de l'auto-tune pour masquer leur manque de talent dans le chant, et accompagnent leur musique de mots étrangers, souvent grossiers, voire même avec des allusions à connotation sexuelle. Avec ce type de musique, nous sommes à mille lieues de la production musicale égyptienne habituelle, qui avait pourtant rendu le pays leader dans le domaine artistique au sein du monde arabe.
Mercredi 17 novembre 2021, l'incontournable Syndicat a annoncé que 19 noms célèbres parmi "les chanteurs de festival" se verront suspendre leur permis de travail "jusqu'à ce qu’ils remplissent les conditions adéquates et qu'ils réussissent des examens".
Parmi les noms les plus connus sont concernés les chanteurs Muslim, Hamo Beca, Hassan Shakoush, Haha ou encore Adel Shakal.
Suite à cette annonce, les opinions ont varié sur les réseaux sociaux, entre partisans et opposants.
Le célèbre homme d'affaires Naguib Sawiris faisait partie des opposants. La controverse s'est envenimée après que M. Sawiris se soit entretenu avec l'animateur Amr Adib dans son émission télévisée dans laquelle le businessman a critiqué l'interdiction pour "les chanteurs de festival" de pouvoir chanter à l'avenir. Il a expliqué qu'il aime entendre ce genre de chansons mais n'aime pas, en revanche, les chansons de Hani Shaker. Il a notamment déclaré: "cette décision est une grave erreur…". Le commentaire du milliardaire a fait des émules et a bénéficié d'un soutien non négligeable sur les réseaux sociaux.
Suite à cette pique personnelle de la part de M. Sawiris, Hani Shaker lui a répondu en lui disant qu’il n’aimait pas la personne même de M. Sawiris. Au fil des heures, les échanges entre les deux hommes se sont aggravés et le public s'est plus intéressé à leurs frictions qu'au fond même de la polémique initiale: suspendre "les chanteurs de festival".