Une fille de 9 ans meurt sous les coups de son professeur

Rentrée scolaire en Egypte
Rentrée scolaire en Egypte

La ville égyptienne d’El-Senbellawin a été témoin d'un accident tragique: Basmala Osama Ali Muhammad est décédée après que son professeur l'ait frappée avec un gros bâton en bois sur la tête parce qu’elle avait fait une faute d'orthographe.

La fille, âgée de seulement 9 ans, et scolarisée à l'école élémentaire de Taranes Al Arab est décédée en soins intensifs aux urgences de Mansoura, dans le nord de l'Égypte, d'une hémorragie cérébrale suite aux coups assénés par son professeur. L'enseignant a en effet frappé la jeune fille, après lui avoir demandé d'écrire quelques mots au tableau, mais celle-ci a fait une simple faute d’orthographe qui lui aurait valu une "raclée" à coups de bâton ! Cette punition, sans le moindre doute excessive, a entraîné une hémorragie et une commotion cérébrale : la jeune élève a été emmenée à l'hôpital, où elle est restée jusqu'à ce qu’elle succombe à sa grave blessure à la tête...

Pour sa part, le père de la jeune fille a accusé l'enseignant d'avoir tué sa fille, ajoutant que sa fille, à son retour à la maison, avait perdu connaissance et avait été emmenée à l'hôpital central d’El Sinbillawin, et qu'elle était tombée dans le coma après avoir subi une grave hémorragie cérébrale.

La police de Sinbillawin a arrêté l'enseignant, qui a déclaré qu'il ne voulait pas blesser la fille, mais simplement la corriger, pour l’inciter à mieux faire... Sur les réseaux sociaux, les Egyptiens s’indignent du fait qu’une petite fille ait subi un châtiment corporel – et mortel de surcroît – pour avoir fait une petite faute d’orthographe.

Basmala Osama Ali Muhammad, a succombé aux coups de bâtons de son professeur
Basmala Osama Ali Muhammad, a succombé aux coups de bâtons de son professeur

Les châtiments corporels à l’école, toujours d’usage…

Human Rights Watch a appelé le 10 mai 2021 les gouvernements des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (Mena) à interdire "les châtiments violents" infligés à des enfants, une pratique courante dans la région qui manque cruellement de lois protégeant les plus jeunes des châtiments corporels.

Plus de 90 % des enfants subissent une punition physique au moins une fois par mois en Egypte, au Maroc ou en Tunisie notamment, tandis que le taux le plus bas dans la région Mena (50 %) est celui enregistré au Qatar, souligne HRW dans un rapport.

Dans une région où la moitié de la population a moins de 24 ans, la plupart des 19 pays cités ne disposent pas de législation interdisant les punitions physiques violentes. Au contraire, certains pays disposent même de lois l’autorisant.

"Dans de nombreux pays de la région Mena, la violence physique est considérée comme un crime lorsque la victime est un adulte, mais elle est excusée comme s’il s’agissait d’un acte "éducatif" lorsqu’il s’agit d’un enfant", observe Ahmed Benchemsi, directeur de la communication à HRW.

Ils "méritent davantage – et non pas moins – de protection face aux violences physiques, et ils méritent des écoles qui soient des lieux sûrs pour apprendre", ajoute-t-il, soulignant que de telles punitions "entravent le développement heureux et sain des enfants".

HRW rappelle que la punition physique est interdite au regard du droit international et que tous les enfants ont le droit à l’éducation dans un environnement non violent.

Au Qatar les élèves sont épanouis et heureux!
Au Qatar les élèves sont épanouis et heureux!

Interdire les châtiments corporels à l'école est urgent

L’organisation appelait dès 2021 à ce que "cessent maintenant" les "châtiments violents" infligés aux enfants, parce que l’interdiction de ces pratiques serait "énormément bénéfique aux enfants mais aussi à leurs sociétés" (les drames qui ont eu lieu, depuis, dans des écoles de la région MENA lui donnent raison). Pour ce faire, il est nécessaire d’avoir des lois interdisant le châtiment corporel et elles doivent être appliquées avec rigueur, affirme l’ONG.

Dans le monde, 62 pays ont déjà interdit le châtiment corporel et 27 autres se sont engagés à le faire. Dans la région Mena, seuls la Tunisie et Israël, disposent, en principe, d’une législation l’interdisant, relève l’ONG. Certains pays comme le Maroc ne sanctionnent pas dans leurs textes législatifs la violence "disciplinaire", que ce soit à la maison ou à l’école.

D’autres, comme le Qatar, interdisent le châtiment corporel à l’école mais ne disposent pas de lois soutenant cette interdiction dans d’autres sphères. HRW appelle aussi à des campagnes publiques d’information sur ces pratiques et sur la nécessité de former enseignants et parents à des méthodes de discipline non violentes. Pour en revenir au cas égyptien, le sous-secrétaire du ministère de l'Éducation du gouvernorat de Dakahlia, en Egypte, a confirmé qu'un livre type flyer avait été publié par le gouverneur de Dakahlia pour ne pas punir les élèves avec des coups, quelles que soient les raisons, et rappelé qu'il existait d'autres moyens de punir les élèves qui manquent de discipline, en utilisant des méthodes légales du règlement de discipline. Ce qui est étrange, c’est que l’on parle de punitions lorsqu’il faudrait plutôt apprendre à certains enfants en difficulté à être persévérants, patients, les intéresser en utilisant des méthodes pédagogiques modernes et non des châtiments physiques : les enfants sont des personnes à part entière. Ils méritent d’être parfaitement respectés par les adultes.

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Mis en ligne : Mercredi 12 Octobre 2022
 
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