Une ancienne députée algérienne va être jugée pour ses propos racistes

Naïma Salhi-Leghlimi, ancienne députée algérienne accusée de racisme
Naïma Salhi-Leghlimi, ancienne députée algérienne accusée de racisme

Naima Leghlimi, Salhi de son nom de jeune fille, est née le 14 novembre 1962 à Annaba. C'est une femme politique algérienne qui soutient des positions qualifiées d'islamistes. Elle est également président du parti politique PEP, Parti de l'équité et de la proclamation qui fut créé en 2012.

Mme Leghlimi a été élue députée lors des élections législatives de 2017. Elle a représenté, durant son mandat, la wilaya de Boumerdès, en Kabylie. Depuis son élection, entre ses interventions à l'Assemblée populaire nationale (APN) et ses interviews lors d'émissions télévisées, elle s'est fait connaître du grand public pour ses frasques, ses propos crus et son franc-parler très populiste.

Elle avait par exemple fait rire bon nombre d’Algériens lorsqu'elle avait affirmé, non sans aplomb, qu’elle était la descendante du prophète Muhammad.

En mars 2021, le président Abdelmadjid Tebboune a ordonné la dissolution de l’Assemblée populaire nationale, depuis, Mme Leghlimi n'a plus de mandat de députée. Elle réside en ce moment dans la localité de Chéraga, près d’Alger. Mais perdre son mandat de députée n'est plus son seul problème. Désormais, elle doit faire face à une accusation très grave suite à des propos qui ont violé les lois du pays. Le Parquet a requis deux ans de prison contre la députée algérienne pour racisme et incitation à la haine.

Une plainte au pénal contre l’ex-députée

C’est en juin 2019 que Kader Houali et Sofiane Dekkal, deux avocats du barreau de Tizi Ouzou, ainsi que le journaliste Salim Chaït, avaient décidé initialement de porter plainte pour "incitation à la haine raciale" auprès du tribunal de Boumerdès ; Rappelons-le, la circonscription pour laquelle Naïma Leghlimi avait été précédemment élue députée.

La plainte visait à faire condamner les propos qu'elle avait tenus lors d'une interview télévisée au sujet des Kabyles, qualifiés par l'ex-députée de "traîtres à la nation" et envers les réfugiés sub-sahariens qui sont accueillis en Algérie. Des propos, jugés par les plaignants comme racistes, diffamants et incitant la population à la haine envers ces étrangers. Lors de cette sortie médiatique, Mme Leghlimi avait ainsi déclaré: "Les populations subsahariennes se reproduisent en grand nombre, très vite, ensuite elles s'étalent et se sentent chez elles, comme on a pu le voir dans d'autres pays: regardez la France!".

Mais la plainte avait aussi en ligne de mire de multiples déclarations à l'encontre de ses compatriotes algériens de la région Kabylie, qu'elle était pourtant censée représenter ... "Nous en avions assez d’être la cible de son discours haineux et raciste envers les habitants de toute cette région. Les invectives de cette femme n’ont épargné ni nos parents, ni nos martyrs, ni notre identité, ni notre culture, continuellement insultés et diffamés. Pour mettre fin à ce flot d’insultes, nous avons décidé de recourir à la justice de notre pays", explique l'avocat Sofiane Dekkal, partie prenante dans cette affaire.

Toutefois, la procédure n'avait pas pu aboutir en raison de son immunité parlementaire. Mais désormais et suite à la perte de son mandat en 2021, l’instruction de cette plainte peut reprendre.

Propos racistes

Mme Leghlimi est jugée, notamment, pour le motif très grave d'incitation à la haine raciale et appel au meurtre. Ses diverses déclarations sont pour le moins provocatrices et pas moins blessantes.

En 2018, elle avait affirmé devant les caméras de la chaine El-Bilad TV, au sujet des migrants subsahariens, qu'avec "[...] l'arrivée massive des Noirs en Algérie, le pays est passé d'une terre d'accueil, à un territoire qui accueille toutes les catastrophes, car les Subsahariens ramènent en Algérie des maladies, des épidémies et de la sorcellerie".

En juin 2019, elle a appelé au meurtre de Ferhat Mehenni, leader d'un mouvement indépendantiste kabyle, actif sur les réseaux sociaux. La même année, elle s’en est prise violemment aux Kabyles, qu’elle a accusés d’être des traîtres à la nation et des "juifs de la pire espèce". Pourquoi des juifs ? Seule Mme Leghlimi pourrait nous l’expliquer ; mais pour l’instant, madame l’ex-députée ne comprend même pas pourquoi elle se retrouve au tribunal: "Moi, la députée qui a toujours servi la nation!". Ses avocats réclament son acquittement pur et simple.

Mme Leghlimi argue pour sa défense, que ses déclarations visant les Kabyles "visaient en fait principalement les adhérents du MAK, considéré par les autorités comme une organisation terroriste", et a indiqué n’avoir aucun problème avec les Kabyles, étant elle-même "issue d’une famille dont certains des membres sont mariés avec des personnes originaires de cette région".

Le procès a eu lieu, les deux parties ont pu exposer leurs arguments, l’affaire est mise en délibéré jusqu’au 26 octobre 2022. Affaire à suivre donc.

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Mis en ligne : Lundi 10 Octobre 2022
 
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