Violence et menaces de mort ... Voici l'histoire de Remaz d'Arabie saoudite
Le hashtag # Save_Remaz_Man_Al-Taif (en français sauvez Remaz d’Al-Taif en Arabie) a été lancé la semaine dernière sur la plate-forme Twitter et est devenu viral en Arabie saoudite peu de temps après que des militants ont fait circuler sur les réseaux sociaux l'histoire d'une jeune saoudienne de Taif, âgée de 19 ans, torturée par sa famille et menacée avec des mitrailleuses. Les militants ont exigé de la sauver.
L'amie de Remaz a révélé les violences dont Remaz a été l'objet, à travers quelques mots qu'elle a postés sur Twitter, en disant : Oh, les filles, mes amies, sa famille l’a menacée et battue. Elle m'a appelée à l'aide et a tout enregistré. J'ai contacté les associations des droits de l'homme parce qu'elle a disparu après son appel et sa famille m’a menacée. Nous allons lancer un hashtag, nous la protégerons ainsi, cela suffira puisque nous ne pouvons rien faire d’autre.
Une amie de la victime a tweeté pour expliquer l'histoire de Remaz : "Remaz, 19 ans, a été violentée et est vulnérable ; elle peut être assassinée à tout moment à cause des soupçons de sa mère uniquement. Elle s'est plainte, alors qu’elle n’a pas de preuves ni quoi que ce soit, juste des soupçons que sa fille aime un garçon. Tous ses oncles se sont rassemblés pour la braquer avec des mitrailleuses, et nous avons des preuves, enregistrements audio des "voix" de la jeune fille alors qu'elle était violentée et criait : "Ne me massacrez pas !". Une fille lui serait venue en aide, mais nous ne savons pas si elle est en sécurité.
Des militants ont expliqué qu'il y avait des enregistrements audio de la jeune fille soumise à la violence et criant "Ne me massacrez pas !", notant qu'elle avait la voix d’une personne étranglée !
Le pseudonyme "Personne" a tweeté sur son propre compte : "Ce n'est que dans cette aire géographique que vous verrez des cas quotidiens de violence, de harcèlement, de viol, de meurtre et les justifications de ces crimes, consiste à blâmer la victime, alors que le criminel a l’air innocent ! Chaque jour, il y a des axiomes ! Nous exigeons des lois de protection qui dissuadent les criminels. Aidez les femmes de ce pays contre les criminels".
Le pseudonyme "Aseel" a commenté les enregistrements audio de la fille battue avec un tweet dans lequel elle a dit : "Oh, ses cris m'ont fait honte. J'ai pleuré. C'est impossible qu’il existe des gens pareille. (Oh mon Dieu, je vous demande de lui rendre justice)…
Les filles sont là pour être tuées chez elles, et par les membres les plus proches de leur famille, et les lois ne nous rendent pas justice !!!
Le pseudonyme "Fatima" a tweeté pour son propre compte sous le hashtag # Save_Remaz_Maif_Al-Taif, en disant : "Quand allez-vous créer une loi pour éduquer les gens dans leur façon de vivre afin de limiter la violence contre les femmes et protéger les femmes battues ? ..."
Dans le passé, de nombreux hashtags ont été lancés, y compris "# Why_you_you don't report" sur Twitter, où beaucoup ont pu partager leurs expériences de violence domestique, allant du harcèlement verbal, psychologique et physique au harcèlement sexuel et au viol.
Les femmes saoudiennes ont expliqué les raisons qui les empêchaient d'informer les autorités de la violence à laquelle elles sont exposées au sein de la famille ou même de parler de ce qui arrive aux personnes les plus proches d'elles. Les raisons les plus fréquemment invoquées sont le "manque de confiance dans les autorités chargées du suivi des cas de violence domestique".
Les femmes saoudiennes ont déclaré craindre que leur sort ne soit d’être expédiées dans un "foyer pour femmes" si elles signalent des violences, car le foyer de protection sociale pour filles est à l'origine une institution dans laquelle chaque fille âgée de sept à trente ans est déposée en application d'une décision judiciaire.
En outre, ces refuges abritent des filles qui ont été forcées de rester chez elles par leurs tuteurs jusqu'à ce que "leurs conditions soient fixées", ce qui, de l'avis de beaucoup, transforme ces maisons en une prison réservée aux femmes.
En revanche, les tweeters remettaient parfois en question les histoires publiées ou racontées par les femmes sur les réseaux sociaux, et certains commentaires allaient du soutien au comportement des parents, quels qu'ils soient, à la remise en cause du rôle de l'État, ainsi qu’au déni et au sarcasme.
"Rahaf Alharbi" a tweeté pour son propre compte, en disant: "Ok, je sens que je n’y crois pas. Je ne sais pas pourquoi ! Quelqu'un pense comme moi ???''
Le pseudonyme "Fahd" a commenté en disant dans son tweet: "Selon moi la mère a le droit de discipliner sa fille de quelque manière que ce soit ! (sa fille) était enceinte de 9 mois, s'en est suivi alors une discussion avec l'adolescente qui a mal tourné, sans plus !"
Nous concluons avec le tweet du compte "Wed", dans lequel elle dit : "Quiconque rabaisse, se moque et ment au sujet de la douleur de nos filles, que Dieu leur fasse goûter ce qu'elles subissent (comme violences) et souffrent."..
Des lois de coercition mais pas de reconnaissance des souffrances que subissent les femmes !
Les femmes saoudiennes portent le fardeau de la faiblesse des lois et règlements en Arabie saoudite qui sont théoriquement censées les protéger en cas de violence domestique, car elles peuvent passer de plaignante à accusée, au cas où leur père déciderait de les accuser d'impiété.
Les opposants à la violence domestique en Arabie saoudite appellent à modifier les lois locales, à imposer des sanctions sévères aux personnes reconnues coupables d'avoir agressé des membres de leur famille, à vérifier le fait que certains d'entre eux souffrent de maladies psychologiques et neurologiques, à fournir une protection aux victimes et à adopter des lois contre la violence domestique qui est répandue en Arabie saoudite.
La violence sous toutes ses formes est en contradiction avec l'article 1 de la Déclaration universelle sur l'élimination de la violence à l'égard des femmes, qui rejette "tout acte de violence fondé sur le sexe qui entraîne des préjudices ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques pour les femmes, y compris les menaces de commettre un acte, ou coercition ou privation de liberté, que ce soit dans la vie publique ou privée.".
Le 15 mai 2018, les autorités saoudiennes ont arrêté un certain nombre d'éminents militants des droits de l'homme, notamment Loujain Al-Hathloul, Nasima al-Sada, Nouf Abdel Aziz et Maya Al-Zahrani, officiellement, parce qu’ils avaient défendu le droit des femmes de conduire une voiture dans le Royaume.
Les cas de violence domestique en Arabie saoudite reflètent les lois du Royaume et la façon dont ils traitent les femmes. Toutefois la population s’empare de ce sujet, le porte sur les réseaux sociaux pour crier son ras-le-bol ! Un changement pour bientôt et pour de meilleures conditions, on leur souhaite à tous.