
Le bijou est d’abord, avant d’être un objet d’apparat, un talisman protecteur, qui protège du mauvais œil et qui donne une image forte de la personne qui le porte. Beaucoup de bijoux arabes sont symbole de prospérité. Utilisés depuis la fin du paléolithique à des fins protectrices et talismaniques, ils deviennent rapidement aussi objets d’ornement et signes de richesse. Les gens de la noblesse portent souvent des bracelets.
Le luxe côtoie aussi le quotidien des puissants dans une multitude d’objets domestiques. Le miroir en forme de main de Fatma est courant chez le riche Bônois. Il est doublement significatif : il atteste de l’importance du bain pour les Bônois, comme pour les Ottomans, et le travail est représentatif de l’orfèvrerie de palais de la fin du XVIème au premier quart du XVIIème siècle.
La pierre de jade dans laquelle on incrustait des pierres précieuses, était perçue dans l’art islamique comme un matériau de grande valeur car très difficile à tailler. En outre, depuis la nuit des temps, on lui prêtait également des propriétés bénéfiques.
L’Algérie, surtout la région Est, revendique une histoire riche de 3000 années de brassage culturel. A Annaba les colliers en or pur sont signes de pouvoir et de richesse. L’orfèvrerie bônoise développe son propre style à partir du IVème siècle mais s’inscrit dans la continuité de cette tradition.
La ceinture de la mariée en or
D’une façon générale, précisons que l’or en Algérie et en Tunisie est émaillé, ciselé ou gravé, avec un grand art ! L’orfèvrerie est une activité de ville, elle est donc par essence, raffinée. Cette ceinture en or typique des bijoux bônois, qui est aussi portée en Syrie est d’origine byzantine, les Byzantins ayant occupé l’Algérie durant des siècles.
Ce style byzantin se retrouve dans tout le nord de l’Algérie. Dans la vraie tradition, la ceinture est composée de 22 médaillons en or pur et ou en alliage de qualité. Ce type de création est attesté aussi en Gaule par exemple, et dans le nord de l'Italie. La vogue de ces bijoux se répand ensuite largement, aux VIe et VIIe siècles apr. J.-C., en particulier dans la partie orientale de l'Empire. Cette ceinture – mhazem – en or fait partie des éléments importants du trousseau de la mariée.
Le skhab - nihili
Ce collier appelé le skhab nous rappelle le style égyptien. Justement, il s’appelle aussi le nihili : qui vient du Nil. Il existe différents modèles de ce collier porté par les femmes de l’Est algérien et notamment les femmes chaouias des Aurès.
Selon la tradition ce collier composé d’argent, de perles (verre, corail) et de grains durcis faits à base de pâtes parfumées (ambre, clous de girofle, graines parfumées) est fabriqué par les femmes la veille d’un mariage et fait partie du trousseau de la jeune mariée. Le Skhab reste l’un des plus anciens colliers usité dans les Aurès ; Ce bijou est essentiel pour les fiançailles dans la région Est de l’Algérie.
Le Skhab est prêté à la fiancée le jour des fiançailles et il est porté par le petit garçon lors de la cérémonie de la circoncision. Placé dans les plis des habits dans le coffre à vêtements, il embaumait les robes et autres toilettes féminines.
Les boucles d’oreilles
Des boucles d'oreilles pendantes classiques et raffinées. Les boucles d’oreilles, très souvent incrustées de pierres précieuses, accompagnent généralement une tenue de fête, le collier parfumé des Aurès. Elles font elles aussi partie du trousseau de la jeune mariée. Il s’agit d’un symbole égyptien datant des temps anciens, symbolisant la Vie.
Bracelets bônois
Ce bracelet, très joli bijou oriental, rond et en or 18 carats, est dentelé sur les deux bords. Ses motifs architecturés, finement ciselés, forment des volutes agrémentées de 4 médaillons représentant l'effigie de l'empereur Napoléon. On trouve des modèles incrustés de perles d’or et deux liserés noirs.
Les anneaux de chevilles, khalkhal
Les bijoux des femmes à Annaba sont d’une grande valeur et les anneaux de cheville en or – autrefois massif – en est un bel exemple. Le kholkhal prend la forme d’une fleur en or ou en argent avec incrustations de perles. Il est considéré comme un bijou particulièrement élégant pour la femme et fait partie de la dot que le futur époux offre par tradition à la femme qu’il convoite, à Annaba.
Le diadème
La Ossaba est un diadème de soie piquetée d’or ou d’argent qui ceint le front et se noue derrière la tête. On trouve aussi des colliers d’orge en or, les Kheït Chaïr, qui très souvent servent à garnir le front et se placent en dessous de l’Ossaba. Les pendeloques dans ce cas tombent jusqu’aux sourcils.
Mais le plus beau diadème des anciens est sans doute le diadème poisson (Kheït Hout) qui se compose de vingt-quatre pendeloques creuses, suspendues à un cordonnet s’attachant derrière la nuque.