L'accouchement en musique vient de l'Egypte antique

Papyrus accouchement d'une femme égyptienne
Papyrus accouchement d'une femme égyptienne

Un Papyrus de l'Egypte antique nous relate un conte à propos de 4 déesses du panthéon des divinités jouant manifestement le rôle de sages-femmes pour une reine.

C'est dans le Papyrus nommé "Papyrus Westcar", nom donné par son découvreur anglais, qu'est relatée l'histoire. L'ancienneté de ce Papyrus a été estimée à 1600 av. J.-C., autrement dit, le Papyrus aurait de 3600 ans et ferait donc partie de l'époque Hyksos. Pour d'autres spécialistes, le texte écrit sur le précieux document serait encore plus ancien, le faisant remonter à la fin du Moyen Empire, soit entre 200 et 400 ans de plus.

L'histoire relate la venue sur terre de quatre déesses: Isis, Nephthys, Meskhenet et Héqet qui interviennent pour assurer le bon déroulement de l’accouchement de la reine Redjejet et assurer un destin favorable aux trois futurs pharaons de la 5 ieme dynastie.

Dans le "Papyrus Westcar", l’intervention des quatre déesses montre l'intention protectrice ainsi: "Alors Isis se plaça devant elle (Redjedet), Nephthys derrière elle et Héqet accéléra la naissance.". Isis et Nephthys sont des déesses sœurs qui veillent sur Osiris, le prototype du roi défunt divinisé, et sur Horus, l’enfant héritier du trône royal. Héqet, la déesse à forme de grenouille, incarne et protège tout à la fois, le ventre et le mouvement des jambes repliées de la parturiente, rappelant le saut des grenouilles, qui devait faciliter la délivrance. Héqet est liée au principe de la fécondité de la vie, de la naissance et de la renaissance.

Avant d'assister la reine Redjejet, et afin de ne pas attirer l'attention des humains, les quatre déesses vont d’abord se transformer en danseuses et musiciennes. Elle s'approchent ainsi facilement de la chambre de la parturiente (de la reine enceinte), mais avant d'entrer, elles agitent leurs sistres et leurs colliers ménat.

Papyrus représentant la déesse Isis allaitant son enfant-dieu
Papyrus représentant la déesse Isis allaitant son enfant-dieu

La musique, faite de cliquetis aigus, écarte les influences négatives et invisibles. Il est fréquent d'observer lors de scènes de naissance égyptiennes, l'intervention de divinités musiciennes et protectrices. On peut observer cela sur des ostracas (fragments de poterie) du Nouvel Empire qui montrent une femme ayant mis au monde son enfant, sur un lit ou assise sur un siège, tenant son enfant sous un kiosque orné de lierre. La musique et la danse prophylactique accompagnaient aussi les funérailles. Ainsi, la musique marquait à la fois l’entrée dans la vie, ainsi que la disparition dans la mort. Le décès d'une personne devait nécessairement conduire à une renaissance à une forme de vie éthérée.

La musique accompagnait les accouchements des Egyptiennes dans l'Antiquité, mais cette tradition est encore présente dans certaines sociétés arabes où on accueille les nouveau-nés avec des youyous.

Enfin, cette musique bienfaisante et protectrice peut aussi être rapprochée de celle que les prêtresses étaient chargées de dispenser dans les temples, à proximité de la chapelle contenant la statue divine où l’esprit divin devait se réincarner quotidiennement. Les palais royaux et les maisons de hauts dignitaires étaient d'ailleurs conçus sur le modèle des temples. Ainsi, dans ces maisons, la chambre à coucher correspondait au saint des saints et c'est précisément l'endroit où accouche la reine Redjejet.

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Mis en ligne : Lundi 3 Janvier 2022
 
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