Koush, un royaume lié historiquement à l'Egypte

Koushites, à g. un esclave, à droite un noble
Koushites, à g. un esclave, à droite un noble

Pour commencer, situons tout d’abord le royaume de Kousch : ce pays se trouvait en Afrique de l’est, dans la partie plus au sud du Nil, dans l’actuel Soudan ainsi qu’une petite partie de l’Ethiopie actuelle.

Le nom égyptien de l’ancien Soudan est Kousch (également Kush ou Kûch). Dans les inscriptions laissées par les Egyptiens, ce nom est accompagné de la qualification méprisante de "Cheh-t", la misérable. C'est une ancienne "colonie" égyptienne.

La conquête du pharaon Sésostris III

Parmi les conflits entre Egyptiens et Koushites, le premier pour lequel les archéologues disposent de moult détails est l’invasion opérée par le pharaon Sésostris III en réponse à de précédentes tentatives de la part des Koushites d’envahir l’Egypte, lors de la XIIe dynastie, vers 1870 avant J.-C.

Une fois le royaume de Kûch conquis, Sésostris III fit construire des édifices que l’on a retrouvé dans notre période contemporaine, et ces édifices portent le cartouche de Sésostris III se vantant d’avoir gagné une guerre contre le pays au sud du Nil.

La domination directe de l’Egypte sur le royaume de Kûch dura quatre cents ans environ et fut à plusieurs reprises un territoire vers lequel les Egyptiens envoyaient leurs indésirables.
Le territoire Kush permettait également à l’Egypte de bénéficier de ressources supplémentaires notamment de l’or extrait de mines dans le sud du royaume.

Depuis la conquête initiale, ce sont des gouverneurs placés par Pharaon qui ont la charge d’administrer le territoire. Ces régents sont issus de la population locale.

Dame royale kushite (méroïtique), Musée du Louvre
Dame royale kushite (méroïtique), Musée du Louvre

C’est grâce aux pylônes du temple de Karnak (Portails de pierre) que nous disposons d’informations détaillées.
Il est consigné la liste des villes de Kousch conquises dans cette période ainsi que les noms des Pharaons vainqueurs.
Les inscriptions précisent que "le roi est vainqueur de Kûch" et que son prénom est Ra-kheper-ka, attribuant donc au Pharaon Thoutmosis Ier le plus de mérite.

Les inscriptions à Karnak nous apprennent également comment les Egyptiens voyaient ce territoire qui était divisé en trois régions comme suit:

-    Berberata, la Barbaria, au nord
-    Tekarerer, Tekrai, au centre
-    Arem, l’Ambara, au sud

Ainsi que la liste des 43 villes qui avaient le plus d'importance sur ce territoire. Voici quelques-unes des villes citées avec leur nom moderne:

- Napata, qui était la capitale de Kûch
- Atala, Adulis, colonie d’esclaves égyptiens fugitifs en Nubie, appelée ainsi par Pline l'Ancien
- Atarmau, probablement les îles Aatopia d’Artémidore
- Utau, Adoua qui devint par la suite la ville d’Axum (l’actuelle capitale de l’Ethiopie)

Nous savons aujourd’hui par exemple qu’Atala fut le port de débarquement de l’armée égyptienne ; que cette ville fût la base des opérations des Pharaons lors de leurs actions militaires, et son port de ravitaillement.

Le renversement du pouvoir par le clergé d’Amon

Durant la XVIIIe dynastie, la dynastie des Thoutmosis et d’Akhenaton de -1570 à -1300 avant J.C., le très puissant culte d'Ammon a été déplacé dans la ville de Napata, en territoire kûch.

Frustré par ce manque de considération, pour un culte qui a toujours eu un rôle essentiel dans le pouvoir de Pharaon, le clergé n’a eu de cesse d’essayer d’affaiblir à distance le royaume Égyptien.

Plus tard, certains prêtres d'Ammon ont réussi à mobiliser la population locale de Kûch pour renverser Pharaon, prendre le pouvoir en Egypte et ainsi établir une nouvelle dynastie de dirigeants plus favorables à leur culte.

Le culte d’Amon reprit une place primordiale en Égypte et laissa à plusieurs reprises et pendant de longues périodes certains grands prêtres devenir les égaux de Pharaon ou même priver les dynasties de régner sur une partie de l’Egypte.

Pharaon noir
Pharaon noir

Des Pharaons Nubiens

Une nouvelle lignée de souverains koushites émerge vers 750 avant J.C. et reprend le pouvoir du royaume de Kush, établi à Napata.

Ayant adopté la culture égyptienne et le culte d’Amon, cette dynastie va lentement entamer la conquête de l’Egypte. Dans le même temps, plusieurs dynasties se disputaient le pouvoir en basse Egypte (XXIIe, XXIIIe et XXIVe Dynasties).Dès 744 avant J.C., le roi Piankhy, troisième dirigeant de cette dynastie kouchite pris le contrôle de la basse Egypte. aSuite à une campagne de conquête, son successeur, le roi Chabaka devient le Pharaon des deux Egyptes réunies vers 715 avant J.C..Les autres dynasties d’origines libyenne et égyptienne disparurent. C’est ainsi que ces rois khouchites sont désignés par la XXVe dynastie dans l’histoire de l’Egypte ancienne.

La reconquête de l’Egypte

Le règne des rois kouchites n’a pas duré plus de 50 ans. Et durant cette période, le pouvoir leur a été ravi par une conquête des Assyriens. Ces derniers ont placé un prince de la localité de Saïs à la tête de la basse Egypte en tant que Gouverneur. L’Egypte passa alors sous protectorat de l’empire des Assyriens. C’est le début de la XXVIe dynastie en 664 avant J.C., nouvelle dynastie qui va reprendre possession du pays entier et marquer la fin du règne des Pharaons kouchites.

Soudan, Meroé
Soudan, Meroé

Le départ des troupes

La reconquête des deux Egyptes a pu se faire grâce à une troupe formée de mercenaires grecs.
Durant le règne du pharaon Psametik Ier, cette milice équipée d’armures de bronze, une innovation à cette époque, permis de prendre l’avantage pour repousser les Assyriens et les Kouchites. Par reconnaissance, Psametik, fit des Grecs sa milice principale, sa garde particulière.

Les soldats égyptiens, furent quant à eux chargés de jouer les garde-frontières et d’assurer en particulier les frontières avec le royaume de Kousch. Cette affectation fut très mal vécue pour un grand nombre de militaires égyptiens et entraina un exil en royaume de Kush (une désertion en fait) d’environ 240 000 soldats.

Ils formèrent une vaste colonie qui s’établit sur un point du royaume de Kouch également éloigné d’Eléphantine, frontière méridionale de l’Egypte et de Méroé, cité antique de Kush. Cette colonie fut le fondement d’une ville nommée "Ascham" qui deviendra bien plus tard, Aksum, Axum, située dans l’Ethiopie actuelle.

La conquête de Ptolémée III

Sous le règne du troisième Ptolémée vers 230 avant J.C., l’Egypte est de nouveau aux prises avec Kouch. Plus avisé que Cambyse le Perse, Ptolémée III Evergète renouvelle contre les Nubiens les campagnes des Thoutmès et Sésostris. Il équipe une flotte, s’empare d’Adulis, marche sur Axoum, alors capitale de l’empire de la région, et s’en rend maître.

C’est sous Ptolémée que des temples ont été construits et des obélisques dressés à Axoum, que l’on peut encore admirer aujourd’hui.

Auteur :
Mis en ligne : Samedi 4 Juillet 2020
 
Dans la même thématique