Qatar : les graffitis exaspèrent les gens!

Tag sur un mur en arabe
Tag sur un mur en arabe

Source : The Peninsula, traduit de l'anglais par Orientale.fr. Doha, Qatar.

"Le graffiti a de plus en plus la côte chez la jeunesse du Qatar", bien que considéré comme une forme d'art dans beaucoup de régions du monde, le graffiti exaspère la population qatarie. "Les vandales, armés de bombes de peinture, écrivent, semble-t-il, tout ce qui leur passe par la tête sur les murs des résidences et des écoles. Il est devenu courant de voir dès le matin le personnel d'une école en train de frotter les murs tagués la veille", relate le journal. Les périodes post-examens semblent être les moments favoris des artistes-vandales pour défigurer les murs des écoles. Les messages politiques côtoient allègrement les numéros de téléphone et les noms de rappeurs US : Les messages de soutien au chef palestinien Abou Mazen, les numéros de téléphone ainsi que les noms des rappeurs comme Eminem et Tupac, ce qui reflète d'ailleurs l'imprégnation de la société qatarie par la culture hip-hop, tout y passe ! Comme partout dans le monde, les messages obscènes - écrits en arabe et en anglais s'il vous plaît - ne manquent pas non plus.

Au Qatar, le graffiti est une infraction

Mohsen Thiyab Al Suwaidi, avocat qatari, explique le point de vue de la loi sur la question : "Au Qatar, le graffiti relève de la loi liée au vandalisme et aux dommages causés à la propriété privée ou publique. C'est donc une infraction punissable.". Les "artistes urbains" si on se dire, prennent donc des risques importants en pratiquant leur passe-temps favori. Cependant, en pratique, les jeunes bénéficient d'une certaine indulgence, sauf lorsqu'ils vont véritablement trop loin, notamment en réitérant leurs actes.

Ces graffitis s'apparentent davantage à une manifestation de la crise d'adolescence qu'à une revendication artistique telle que l'on a pu la connaître dans les années 1970 dans les stations de métro de New York. Pour le journal The Peninsula, le graffiti pourrait refléter le manque d'ambition de ses auteurs, qui se satisfont d'un mur propre et forcément passif à défigurer pour passer leurs nerfs.

Cela serait, toujours selon le journal, un peu comme rayer une voiture neuve ou luxueuse par envie ou par vengeance. Selon la psychiatre Moza al Malki, très connue dans son pays, "le graffiti est un acte de rébellion, presque toujours effectué par de jeunes garçons. Ces jeunes sont troublés par le fait qu'ils deviennent des hommes. Cette forme d'expression peut alors servir de défouloir de leurs frustrations et c'est un moyen de rébellion contre les symboles de l'autorité comme les professeurs et la police. La famille et les travailleurs sociaux peuvent intervenir auprès des jeunes pour s'assurer que ce désir de rébellion naturel ne s'exprime pas par la défiguration de la propriété d'autrui", ajoute le Dr Moza al Malki, avant de conclure en souriant : "Ces jeunes peuvent assurément grandir sans cela !".

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Mis en ligne : Jeudi 3 Janvier 2008
 
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