3 réfugiés accusent les dirigeants des EAU de complicité avec Daesh

Le dirigeant de l'organisation Etat islamique (EI) Abou Bakr Al-Baghdadi mort en octobre 2019
Le dirigeant de l'organisation Etat islamique (EI) Abou Bakr Al-Baghdadi mort en octobre 2019

Un procès contre les Emirats Arabes Unis a lieu en ce moment en Grande-Bretagne: 3 réfugiés syriens accusent les EAU d'être la principale source de financement directe de l'Etat islamique (EI ou ISIS en anglais) en Syrie, et de facto, sont les complices de tous les crimes perpétrés depuis sa création.

Le journal britannique "Daily Mail" a cité dans un rapport exclusif les témoignages de trois réfugiés en Grande-Bretagne, qui ont affirmé que les Émirats arabes unis avaient financé les crimes de guerre commis par l'organisation terroriste "ISIS" (ou EI, ou Daesh) pendant la guerre en Syrie. Cette procédure judiciaire pourrait avoir une portée historique et c'est un tribunal britannique qui aura pour mission de faire éclater la vérité.

Un procès contre les Emirats Arabes Unis

Les trois réfugiés syriens ont déposé une plainte contre les Émirats arabes unis affirmant qu'ils avaient financé des violations des droits humains en 2015.

Cette affaire, qui a été portée devant la Cour suprême britannique, ouvre grand la porte à ceux qui souhaitent demander des comptes aux États étrangers parrains de groupes armés et de groupes terroristes devant les tribunaux britanniques.

Le rapport indiquait que les accusations de réfugiés syriens, dont celles de Muhammad Al-Saeed, Ahmed Sharaf et Muhammad Al-Sulaiman, contre les dirigeants des Émirats évoquent "de graves tortures, des passages à tabac et la destruction de biens par 'des djihadistes' mais qui sont en fait des partisans soutenus par les Émirats arabes unis".

L'un d'eux a témoigné que "l'odeur des cadavres et de la mort imprégnait ma ville bien-aimée. Il n'y avait plus de vie dedans.". Al-Suleiman, un ouvrier du bâtiment du village de Nabe’ al-Sakhr dans le gouvernorat de Quneitra en Syrie, a déclaré: "Tous les groupes ont commis des crimes, des dégâts, des bombardements, des tortures et des meurtres. Ce sont tous des milices armées. Ils abusaient des gens et voulaient transformer notre société en un système conservateur complet. Ils ont torturé et tué de nombreuses personnes. Et ils ont rejeté notre style de vie libéral par rapport au leur. Ils voulaient que nous nous tournions vers leur idéologie extrémiste".

Al-Suleiman poursuit: "La zone, qui était à un moment un bastion du Front Al-Nusra affilié à Al-Qaïda, avant de changer son nom en Hay'at Tahrir Al-Sham, était l'endroit où erraient des combattants armés de pistolets Caracal, financés par les Émirats arabes unis".

Sharaf, originaire du gouvernorat de Deraa en Syrie, a été détenu par l'Etat islamique. Il a déclaré que l'organisation a tué, kidnappé, torturé, arrêté et brûlé ceux qui s'opposent, qui sont issus de tout groupe qui ne suit pas ses idéologies. Comme des chanteurs, des artistes, des peintres et des musiciens qui refusent de faire tout ce qu'on leur demande.

Gouvernorat de Quneitra, en Syrie
Gouvernorat de Quneitra, en Syrie

Ils parlaient toujours d'un "Cheikh d'Abou Dhabi"

Sharaf a également expliqué comment il s'est forgé la conviction de l'association des Émirats arabes unis avec ISIS: "Nous entendions des combattants parler dans leur dialecte arabe standard, qui est différent du dialecte syrien. Ils se plaignaient, dans leur dialecte du Golfe, du retard de versements d'argent et des salaires, et parfois de l'aide alimentaire et des colis envoyés par le Croissant-Rouge des Emirats via Abu Qatada. Abou Qatada est un combattant djihadiste de l'État islamique. Les sbires émiratis venaient (et viennent toujours) chaque semaine à leur quartier général justement situé à la frontière de ma ville. Ils parlaient toujours du "Cheikh d'Abou Dhabi" et disaient qu'il reviendrait. J'ai compris de ce qu'ils ont dit qu'il y a un homme chargé de superviser leur travail et de payer leurs salaires…".

Mohammed Al-Saïd, qui vivait également à Umm Al-Batinah, a déclaré que lorsque l'Etat islamique a pris le contrôle de sa ville, ils sont venus avec des colis de nourriture du Croissant-Rouge. Mais il a admis qu'il n'avait aucune autre preuve de l'implication des Émirats arabes unis avec des terroristes autres que les rapports des médias.

Il convient de noter qu'en 2014, les Émirats arabes unis ont rejoint la coalition dirigée par les États-Unis contre l'Etat islamique. Mais ils se sont ensuite repositionnés après l'intervention de la Russie dans le conflit syrien.

Et d’après les récents rapports sur le rapprochement économico-financier entre Damas et Abu Dhabi, la semaine dernière, le prince héritier d'Abou Dhabi et le dirigeant de facto des Émirats, le cheikh Mohammed bin Zayed, ont discuté du renforcement des relations et de la coopération avec le président du régime syrien, Bachar al-Assad.

Il faut attendre la fin du procès en cours pour savoir quel crédit la justice anglaise va donner aux témoignages de ces trois hommes. Puisque les services secrets anglais ainsi que des échanges entre les Américains et les EAU fuités par Wiki leaks, avaient déjà clairement fait entendre que l'organisation EI n'était que la création de ceux qui font semblant, depuis le début, de la combattre, ces témoignages iront dans ce sens. Affaire à suivre donc.

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Mis en ligne : Jeudi 28 Octobre 2021
 
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