La disparition d'un petit libyen après 41 ans toujours pas élucidée

Le disparu, Mohamed Hussein Hamad al-Amami
Le disparu, Mohamed Hussein Hamad al-Amami

Une famille libyenne, désemparée face à la maladie de son fils, a décidé de tenter sa chance en Allemagne. La maladie musculaire dont souffrait le jeune garçon n’avait pas pu être soignée en Libye.

C'est le père de Muhammad Hussein Hamad al-Amami qui a réussi à accompagner son fils, alors âgé de 12 ans, dans une clinique allemande en 1979. Le père a été contraint de laisser son fils en unité de soins et de rentrer en Libye pour: "voir les membres de ma famille, regrouper toutes nos économies et retourner à nouveau en Allemagne pour terminer le traitement de mon fils", déclara-t-il. Mais à son arrivée en Allemagne le 11 septembre 1979, le médecin responsable lui explique que son enfant n'est plus dans la clinique. Des "autorités libyennes" avaient sorti son enfant du sanatorium.

Le père n'a ménagé aucun effort pour tenter de retrouver son fils. Il a commencé par se rendre à l'ambassade de Libye en Allemagne. Et là, les responsables de l'ambassade lui expliquent que son fils est déjà rentré en Libye, accompagné d'une infirmière allemande, selon des exigences qui émanaient du ministère de la santé libyenne. La famille, estomaquée, a protesté contre cette version, expliquant que son fils n'est jamais rentré en Libye.

Une enquête de police a été ouverte. 41 ans après, la famille attend toujours les résultats de cette enquête menée par le parquet de la capitale, Tripoli. Les circonstances de la disparition de l'enfant sont toujours inexpliquées. La famille de l'enfant compte activer des accords internationaux juridiques avec l'Union Européenne pour demander l'ouverture d'une enquête en Allemagne.

La famille du jeune Muhammad a remis aux journalistes des preuves, qualifiées d'irréfutables, délivrées par des compagnies aériennes, confirmant que l'enfant n'était pas entré sur le territoire libyen à la date à laquelle l'ambassade de Libye en Allemagne affirme que l'enfant est rentré en Libye.

Certains documents indiquaient que l'enfant disparu est décédé à l'hôpital pour enfants de Tripoli le 27 octobre 1979 des suites de convulsions et d'inflammations au cerveau, pour être enterré à l'insu de sa famille là où sont concentrées des tombes inconnues, ce que le père a momentanément cru, avant l'ouverture des poursuites. Cependant, le 27 avril 1980, l'hôpital a déclaré ne pas avoir trouvé le corps de l'enfant.

Le père souffre actuellement de diabète et a récemment subi une opération à cœur ouvert mais continue d'exiger que la vérité sur la disparition de son fils soit révélée.

Qui est responsable du retour de l'enfant chez lui?

La famille a demandé qui était le fonctionnaire qui a exigé que leur fils quitte le sanatorium en Allemagne. Il s'agissait à l'époque d'un enfant mineur tout de même. Où cet enfant a-t-il été expulsé? Où sont les preuves que l’enfant est retourné en Libye?

Al-Amami à la clinique allemande
Al-Amami à la clinique allemande

Alors que le père affirme que les autorités ont saisi son passeport lorsqu'il a voulu retourner en Allemagne pour terminer son enquête personnelle, la famille explique aussi que la clinique allemande a refusé, par des intermédiaires, de divulguer les données de l'enfant et le numéro de la voiture qui l'a emmené à l’aéroport.

Le père de Muhammad a déclaré: "On m'explique que mon enfant a pris son vol retour le 20 septembre 1979, alors que j'étais présent en Allemagne jusqu'au 11 décembre. On ne sait toujours pas ce qu'il est advenu de mon fils jusqu’à mon retour en Libye le 11 décembre 1979. Où était-il durant cette période, et dois-je le chercher en Allemagne ou en Libye? Il est à noter qu'un télégramme urgent émis par l'Office libyen de la santé en Allemagne le 19 septembre 1979 appelle la commission médicale et le ministère de la Santé à Tripoli à faire un rapport sur le sort de l'enfant. Depuis, nous n’avons plus de nouvelles.".

Quelques jours avant sa disparition, l'Etat avait manifesté son soutien à la famille du disparu et avait proposé de prendre en charge ses frais de santé. Des journalistes étaient allés questionner le ministre de la Santé. En 1979, c'est M. Miftah Al-Osta Omar qui a répondu par un démenti, expliquant que la rumeur selon laquelle il avait donné des instructions pour rapatrier cet enfant malade aux frais de l'État était fausse. Pourtant, la famille dispose bien de documents authentiques qui contredisent la version des officiels. Souhaitons que cette famille puisse connaître la vérité à propos de son fils, un jour.

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Mis en ligne : Samedi 30 Octobre 2021
 
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