Des Libanaises inaugurent une usine de serviettes hygiéniques

Claudine Aoun a présidé l'inauguration d'une usine de protections hygiéniques
Claudine Aoun a présidé l'inauguration d'une usine de protections hygiéniques

Le prix des serviettes et tampons menstruels, lorsque les femmes ont des conditions de vie difficiles, notamment au Liban, les prive d'un accès à des protections périodiques dignes de ce nom. Raison pour laquelle des femmes au Liban ont décidé de créer une usine de serviettes hygiéniques. La présidente de la Commission nationale de la femme libanaise, Claudine Aoun, a présidé le 4 juillet dernier la cérémonie d’inauguration de cette usine.

Répondre à un besoin croissant des femmes

L’unité de production dirigée par des femmes à Beyrouth fabrique depuis peu des fournitures d'hygiène féminine, les serviettes menstruelles "Nessma", afin de répondre au besoin croissant de produits de haute qualité. L’usine a pour ambition de proposer à ses clientes des produits d'hygiène menstruelle à des prix raisonnables. En outre, cette initiative participe à l'autonomisation des femmes à travers des opportunités génératrices de revenus, en créant des emplois à Beyrouth. Et pour renforcer leur voix et leur leadership, les créatrices de la marque Nessma se sont associées à l'Organisation des femmes des Nations Unies, et avec le soutien du gouvernement du Japon.

Mme Aoun a à cœur de préserver la dignité des femmes

Au cours de la réunion, Aoun a prononcé un discours dans lequel elle a déclaré: "Pendant les crises, les niveaux de pauvreté atteignent parfois un point où il devient difficile de répondre aux besoins vitaux les plus basiques des hommes comme des femmes. Pour les femmes, les situations d'extrême pauvreté impliquent des difficultés supplémentaires qui menacent leur dignité, car l'exercice de toute activité pendant les menstruations est rendu difficile par leurs difficultés financières qui ne leur permettent clairement pas d’acheter des serviettes hygiéniques. Il faut noter que cette pauvreté matérielle s'accompagne souvent d'une pauvreté culturelle qui explique la tendance générale à taire leurs difficultés à ce sujet car il est honteux de parler du cycle menstruel. En effet, le cycle menstruel était considéré pour les femmes, dans le passé, non comme une fonction naturelle au cours de laquelle les cellules se renouvellent dans le corps féminin, mais plutôt comme un signe d'impureté de ce corps. Et cette croyance héritée du passé a tendance à perdurer.".

Et elle a poursuivi : "Nous, à la Commission nationale des affaires féminines libanaises, travaillons à l'amélioration des conditions des femmes dans notre société. À partir de là, nous sommes principalement soucieux de préserver la dignité des femmes en toute circonstance, et nous considérons que leur besoin fondamental en fournitures sanitaires pendant le cycle menstruel ne doit pas être lié aux fluctuations économiques. Voilà pourquoi nous leur proposons des prix raisonnables, à Beyrouth, après ceux pratiqués à Tripoli (Liban). Par cela, nous contribuons à trouver une solution avec une dimension de développement durable pour répondre à un besoin fondamental des femmes et des filles".

Et elle a conclu : "Alors que nous apprécions votre généreuse initiative, nous exprimons nos profonds remerciements à l'ONU Femmes et à l'Ambassade du Japon au Liban, ainsi qu'aux organisations Acted et Nusaned pour leur contribution à la préservation de la dignité des femmes et à leur soutien pour surmonter les complications de la crise économique.".

Distribution de serviettes hygiéniques et d'anti-inflammatoires
Distribution de serviettes hygiéniques et d'anti-inflammatoires

Un sujet d’importance pour toutes les femmes !

La lutte contre la précarité hygiénique est un sujet tabou au Liban, toutefois des femmes courageuses font bouger les lignes. La journée internationale de la femme a, cette année, coïncidé avec une crise socio-économique étouffante vécue par le peuple libanais. Cette crise use le peuple, et il semble que ses effets sont multipliés sur les femmes. Révoltées par l’injustice, certaines femmes ont commencé à briser le tabou des règles et de la précarité menstruelle comme on l’appelle aujourd’hui en osant en parler ouvertement !

D’ailleurs, la précarité menstruelle n’est pas sans conséquences sur le plan de la santé. Ces femmes sont parfois contraintes de garder le même tampon ou la même serviette pendant plusieurs jours, ce qui augmente le risque d’infection et de choc toxique.

Elles peuvent aussi avoir recours à des produits inadaptés comme du papier ou des tissus pour remplacer les serviettes périodiques ce qui peut conduire à des problèmes de santé intime ou encore à l’absentéisme au travail.

En 2020, des associations de bienfaisance ont lancé l’initiative "Dawrati" (Mon cycle) pour aider les femmes à trouver des protections hygiéniques dans une situation d’urgence. Après le drame de l’explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020, des femmes comme Lynn Tabet Al-Masry et Rana Haddad ont pu voir qu’aux rations alimentaires que l’on distribuait aux nécessiteux, étaient ajoutés des masques et des désinfectants pour limiter la propagation du coronavirus, mais qu’ils ne comportaient pas de serviettes hygiéniques. Les deux femmes ont alors lancé une initiative sur Instagram afin de recueillir des dons pour acheter et distribuer aux femmes dans le besoin, les fameuses protections hygiéniques. Une initiative que l’on peut saluer, car elle a apporté un réel bienfait aux femmes qui travaillent.

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Mis en ligne : Mardi 11 Juillet 2023
 
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