Heba Akkila, journaliste, témoigne de la tragédie des Palestiniens

Heba Akkila, journaliste palestinienne pour Al Jazeera
Heba Akkila, journaliste palestinienne pour Al Jazeera

Heba Akkila est Palestinienne. Elle est journaliste, correspondante à Gaza pour la chaîne d'information Al Jazeera depuis 2003. Elle est également mère de plusieurs enfants et vit avec sa famille sur place.

En tant que témoin en première ligne, elle commente et décrit, depuis le 7 octobre dernier, l'ampleur du massacre causé par l'armée de l'entité sioniste contre les civils qui vivent dans le territoire de Gaza. Une barbarie qui lui semble durer depuis une éternité.

Dans une vidéo récente, Akkila explique : "Si j'avais eu peur, je ne serais pas sortie de ma maison, je serais plutôt restée cloitrée à l'intérieur. Si j'avais eu peur et si je craignais pour ma vie, je n'aurais pas couvert l'invasion, la guerre ou la confrontation.".

Des journalistes directement affectés par l'horreur de l'intervention de Tsahal

Comme Akkila, de nombreux journalistes sont en première ligne pour voir directement les horreurs commises dans le cadre de cette horrible guerre.

Salman Al-Bashir, journaliste de Palestine TV, avait fondu en larmes en direct et jeté au sol ses équipements de presse, un gilet pare-balle et un casque de protection lourd, car il n'en voyait plus l'utilité. Il avait vu l’un de ses collègues journaliste mourir une heure avant de passer à l'antenne, ainsi que sa famille entière. Il a ainsi expliqué : "De toute façon à quoi me servent ces protections, ils nous tuent tous, les uns après les autres !". Une scène qui a beaucoup ému les spectateurs jusqu'en Europe où son intervention poignante avait été relayée pour illustrer le désespoir qui règne dans ce territoire.

Plus récemment, le journaliste d'Al Jazeera Moamen Al-Sharafi, était en train de faire un rapport sur ses observations des combats dans le nord de Gaza alors que dans le même temps, sa propre mère était exécutée par l'armée de l'entité sioniste quelques kilomètres plus loin. On ne peut imaginer la peine que cela a pu lui causer lorsqu'il a appris la terrible nouvelle. Il est alors revenu a l'antenne pour témoigner : "Mon père, le professeur Mahmoud, et ma mère, Amina, mon frère, le Dr Ayman, et sa femme, ont été tués aujourd’hui.". Le journaliste a eu le malheur de perdre ses parents, des frères et sœurs et des membres de sa belle-famille.

Al-Sharafi a déclaré que les forces d'occupation israéliennes ont largué des explosifs sur la maison de sa famille dans le camp de Jabalia, au nord de Gaza, tuant 21 membres de sa famille. Il déplore de ne même pas avoir pu enterrer correctement sa famille en raison des circonstances qui l'empêchent de se diriger vers le nord.

Les Palestiniens ont l’interdiction de se déplacer librement, à plus forte raison vers le nord. Il a mentionné que sa famille avait été déplacée à deux reprises, d'abord du quartier d'Al-Tuffah au quartier d'Al-Nasr, et enfin, ils ont déménagé au camp de Jabalia sur ordre de l'armée israélienne.

Scènes tragiques à Gaza

La journaliste Heba Akkila a décrit des scènes tragiques de Gaza en disant : "Quand je vois des enfants, des innocents, des martyrs et des familles entières être exécutées injustement, c’est une chose très cruelle pour moi. Je suis une mère, et quand je vais travailler et que je vois des enfants martyrs, j’imagine qu’ils pourraient être mes enfants. Ce que nous avons vécu lors des guerres et des vagues d’escalade de violence précédentes ne ressemblait en rien à ce que nous vivons avec cette guerre".

Elle a souligné qu'"Israël n'a épargné aucun citoyen palestinien ; Israël est en train d'exterminer le peuple palestinien sans distinction, en ayant démoli des maisons, qui se sont effondrées sur leurs habitants dès le premier jour.".

La correspondante palestinienne a révélé qu'elle avait perdu des amis et vu mourir des familles entières qu'elle connaissait bien et personnellement dès la première semaine de la guerre. Elle déplore qu’Israël ait renforcé le siège de Gaza et bloqué l'approvisionnement alimentaire, ce qui a poussé les gens à mendier de la nourriture alors qu'ils avaient de l'argent.

Il est à noter que depuis le 7 octobre dernier, l'armée israélienne mène une guerre meurtrière à Gaza, dont le bilan provisoire s'élève à 15 899 martyrs palestiniens et 42 000 blessés. La guerre israélienne contre Gaza a également provoqué une destruction massive des bâtiments et infrastructures vitales, engendrant une catastrophe humanitaire sans précédent.

Benjamin Netanyahou et d'autres sionistes ont financé le Hamas

Ce massacre mené par l’armée israélienne est d’autant plus scandaleux que les Israéliens ne cachent pas que c’est Netanyahou qui a encouragé le renfoncement du Hamas en appelant, dans un discours à la Knesset, à envoyer autant d'argent que possible au Hamas.

La création du Hamas avait été autorisée en 1987 par l'Etat sioniste mais était encadrée par des agents du Mossad. Le but était de créer un faux opposant afin d’affaiblir le parti palestinien adverse, le Fatah, fondé par Yasser Arafat.

Il est évident que le Hamas a été utilisé pour lancer un faux attentat contre Israël afin de justifier une contre-attaque meurtrière qui apporte de nombreux avantages politiques et économiques à Israël et à ses dirigeants fanatiques et extrémistes actuels.

Yahya Sinouar, chef du Bureau politique du Hamas
Yahya Sinouar, chef du Bureau politique du Hamas

A qui profite le crime du 7 octobre 2023 ?

A qui profite le crime ? Ni au Hamas, ni aux Palestiniens, ni aux Musulmans en général et encore moins aux Arabes en particulier.

L'Etat sioniste, par contre, lorgne sur les récentes réserves gazières trouvées dans les eaux du territoire de Gaza. Une manne économique qui est potentiellement colossale au vu des réserves estimées.

Est-il vraiment possible que le 7 octobre dernier, le mouvement Hamas ait pu prendre le contrôle des bases armées israéliennes, tout en sachant qu’aucun responsable militaire n’ait réagi ? Quel projet occulte se cache derrière tout cela, selon vous ? Le député Bezalel Smotrich avait déclaré en 2015 : "Le Hamas est un atout, non un fardeau".

Ainsi peut-on lire sur le site Zman: "Pendant des années, les différents gouvernements de Benyamin Netanyahou ont mené une approche politique consistant à diviser les forces entre Gaza et la Cisjordanie – mettant à genoux le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et, en même temps, ont pris des mesures qui ont presque nourri le Hamas.".

L’ancien ministre de la santé et opposant à Benjamin Netanyahou, Nitzan Horowitz, lui, s’interroge depuis le Déluge d’Al-Aqsa sur le fait que le Hamas ait mené une opération de prise d’otages avec beaucoup de facilité : "Il faut s’approvisionner en armes, entraîner des soldats, faire des plans, répéter l’opération, etc. Que notre renseignement ait été incapable de voir cela me laisse avec beaucoup de questions.". Eh oui, forcément.

Les Israéliens ont créé leur propre ennemi avec le Hamas. Un ennemi bien pratique qui fait ce qu'on lui demande. Tantôt affaiblir le Fatah, tantôt commettre une incursion armée sur le sol de l'entité sioniste.

Cela permet à Benjamin Netanyahou, qui fait l'objet de plusieurs suspicions juridiques et que plusieurs juges voudraient pouvoir mettre en accusation, de fédérer et de souder le peuple israélien sous le slogan de la lutte contre le terrorisme. Alors que les Palestiniens sont les premières victimes de ces manigances politiques, eux ne demandent qu’à vivre en paix… chez eux. Mais loin de vivre en paix, ils subissent désormais un génocide sous les yeux des pays du Monde entier, qui brillent par leur inaction.

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Mis en ligne : Samedi 9 Décembre 2023
 
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