Trois films indiens qui n'ont pas marché

The Train
The Train

En Inde, des pages entières de journaux sont consacrés à des films qui n’ont pas eu de succès. Après avoir résumé le scénario, les journalistes le commentent en quelques lignes et donnent leur avis sur la raison supposée de l’échec du film. La démarche pourrait surprendre ailleurs, où on est habitué à plus de tact. Mais aussi étonnant que cela puisse paraître, les avis et critiques ne sont pas volontairement méchants ou blessants, ils sont juste nets, courts et ne s’encombrent pas de chichis. En voici quelques exemples.

1er flop : Le film The Train. The Train de Siddhivinayak, est un thriller tourné en Thaïlande.

Synopsis :

Un homme nommé Vishal Dixit – interprété par Emraan Hashmi – est bouleversé par les problèmes de santé de sa fille Nikki, qui doit subir une transplantation de rein. Celle-ci vit un calvaire en attendant que l’on trouve un donneur compatible et son père se voit obligé d’économiser de l’argent pour payer l’opération. Mais les misères de monsieur Dixit ne s’arrêtent pas là : il doit aussi faire face à de gros ennuis professionnels et ses tensions affectent ses relations avec son épouse Anjali (Sayali Bhagat). C’est dans ce contexte qu’un jour, en prenant le train, Vishal fait la connaissance d’une femme très attirante, une certaine Roma Kapoor (interprétée par Geeta Basra). Leur amitié se transforme très vite en passion torride. Un jour, en se rendant dans un hôtel (pas pour discuter des cours en Bourse, vous vous en doutez), un bandit fait irruption dans leur chambre. Non content d’interrompre leurs folâtreries, le méchant monsieur agresse Vishal et viole Roma. Vishal veut déposer une plainte, mais Roma l’en dissuade en affirmant qu’elle ne souhaite pas que l’affaire s’ébruite, car c’est une femme mariée. Le bandit, interprété par Aseem Merchant, fait chanter le couple illégitime.

Vishal, qui souhaite éviter les scandales, cède au chantage du voyou en lui versant de grosses sommes. Ce faisant, il épuise les économies qu’il avait faîtes pour payer l'intervention chirurgicale de sa fille. Quelques temps après, Vishal a des doutes sur l’innocence de Roma. Et ses doutes sont fondés car il découvrira que la séduisante Roma est complice du bandit. En effet, la belle et le truand tendent des pièges à des hommes. Leur mode d’opération est simple : Roma, équipée d’une robe moulante et très décolletée, séduit de jeunes hommes dont le couple chancelle (donc fragiles), puis fait mine de se faire agresser par le bandit, qui pourra ensuite faire chanter ses victimes. Petite leçon en passant aux messieurs: ne couchez pas avec la première femme qui vient, vous pourriez avoir de gros problèmes!

Avis du commentateur indien, assez ironique au demeurant : "Au box-office, The Train a déraillé et se trouve sans carburant après quelques jours seulement". Ce n’est pas étonnant ajoute-il en substance, car "le thème et le scénario manquent d’originalité. En fait, le film n’est qu’une pâle copie de "Derailed" (Déraillé en français), le film hollywoodien avec Clive Owen et Jennifer Aniston, sorti en 2005.". Il note toutefois que "le film est admirablement servi par la musique de Mithoon, avec des morceaux très populaires.".

2e flop : Swami, échec du premier film de Ganseh Archarya: hélas. Swami est un film qui se veut philosophique, sur le thème des bienfaits du bonheur si simple d’être entouré des gens que l’on aime.

Synopsis :

Swami, interprété par Manoj Bajpai, est un comptable qui travaille dans une ferme privée. Il mène une vie simple et heureuse auprès de sa femme Radha (Juhi Chawla) et de leur fils Adarsh (Master Siddhart). Tout va pour le mieux, jusqu’à ce que le père décroche un emploi mieux payé à Bombay. Dès lors, la vie de la petite famille va prendre un autre tournant. La mère se met à rêver d’aller vivre aux États-Unis avec sa petite famille. Mais, un jour, elle ressent de terribles douleurs à l’abdomen et les médecins lui conseillent une intervention chirurgicale. Swami, décidé à sauver sa femme, fait des heures supplémentaires pour pouvoir payer l’intervention chirurgicale. Mais, étonnamment, son épouse préfère dépenser l’argent prévu pour acheter un fauteuil moderne et confortable à son mari, afin qu’il puisse se reposer après le travail. Du coup, faute d’avoir subi une opération à temps, Radha meurt… Swami élève alors seul leur enfant, qui deviendra un fils merveilleux et qui épousera, une fois adulte, une femme merveilleuse. Cette dernière commettra cependant une grave erreur (sans le savoir) en vendant le fauteuil de son beau-père, auquel il était sentimentalement très attaché...

Avis du commentateur indien : "Le scénario de "Swami" n’est pas accrocheur. Il n’y a aucune action dans ce film, aucun conflit, aucun mordant. Il est lent et monotone, c’est pourquoi il s’est écroulé au box-office dès la première semaine.".

Dharm
Dharm

3e flop : Dharm, premier film de la réalisatrice Bhavna Talwar. Les thèmes principaux du film Dharm tournent autour des conflits religieux et des inégalités qui divisent les hommes.

Synopsis :

Le pandit - titre honorifique accordé aux érudits - Chatuverdi (Pankaj Kapur) vit avec son épouse Parvati et sa fille Vedika dans la ville sainte de Vârânasî. Il est le chef des prêtres hindous de la localité et est connu pour son impartialité. Mais paradoxalement, il favorise les différences de castes. Un jour, sa fille rentre à la maison avec un bébé apparemment abandonné. Prises de pitié pour le petit garçon dont a n’a pas pu retrouver les parents, Vedika et sa mère décident de le recueillir chez elles, ce qui déplaît au père. Pourtant, il finira par s’attacher à l’enfant et même à l’aimer comme son propre fils, et lui donnera le prénom de Karttikeya (nom du dieu de la guerre dans la mythologie hindoue, NDLR). Quelques années plus tard, une femme musulmane se présente chez le pandit et réclame l’enfant dont elle dit être la mère. Le pandit, bien que sous le choc, laisse partir l’enfant, dont le vrai nom est Moustapha, avec sa mère. Alors que l’on s’attend à ce qu’il soit triste de se séparer de l’enfant, l’homme de foi se repend d’avoir recueilli un enfant musulman sous son toit. Quelques temps après, des émeutes éclatent dans les alentours de Vârânasî, entre hindous et musulmans. C’est alors que Karttikeya-Moustapha et sa mère tentent de trouver refuge chez le pandit. Ce dernier refuse obstinément de leur ouvrir sa porte, malgré les supplications de la mère. Moralité de l’histoire : à la fin, le pandit est pris de remords et prend conscience que la vraie vertu, c’est de respecter tous les humains, quelle que soit leur religion, leur foi.

Avis du commentateur indien : "Ce film est réservé à une élite d’intellectuels. Sa complexité et sa subtilité ont déplus à la masse et à la classe moyenne, c'est pourquoi il a été rejeté dès la première semaine.".

Il est vrai que le film Dharm pose des questions philosophiques, parfois dérangeantes car elles remettent en cause nos convictions, nos principes ou notre éducation.

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Mis en ligne : Jeudi 29 Mai 2008
 
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